Temps de lecture : 4 min
Ce samedi 22 février 2025, Mohamed Amra, surnommé « La Mouche », a été interpellé en Roumanie, mettant un terme à une cavale de neuf mois qui avait débuté par une évasion sanglante le 14 mai 2024 au péage d’Incarville (Eure). Ce narcotrafiquant de 30 ans, accusé d’avoir commandité des meurtres depuis sa cellule, était recherché depuis l’attaque d’un fourgon pénitentiaire qui avait coûté la vie à deux agents, Fabrice Moello et Arnaud Garcia. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a annoncé la nouvelle sur X, saluant une « coopération décisive » avec la Roumanie.
Un assaut meurtrier et une traque internationale
Le 14 mai 2024, un commando lourdement armé attaquait un convoi pénitentiaire au péage d’Incarville, tuant deux agents et blessant trois autres pour libérer Amra. Ce dernier, extrait de la prison d’Évreux pour une audience à Rouen, disparaissait dans la nature, déclenchant une chasse à l’homme impliquant plus de 300 enquêteurs français et une notice rouge d’Interpol. Neuf mois plus tard, à 15h30 ce samedi, la police roumaine l’a arrêté près d’un centre commercial à Bucarest, selon une source citée par Le Figaro. Teint en roux et lunettes sur le nez, Amra tentait visiblement de brouiller les pistes.
Sur X, Bruno Retailleau a écrit : « Je félicite toutes les forces qui ont permis l’arrestation de Mohamed Amra en Roumanie aujourd’hui. Je remercie chaleureusement la Roumanie pour sa coopération décisive. » Emmanuel Macron, depuis le Salon de l’Agriculture, a ajouté : « C’est un formidable succès. Je veux féliciter les services d’enquêteurs français qui ont traqué Mohamed Amra depuis des mois, et j’ai une pensée d’émotion pour les familles des personnels de la pénitentiaire qu’il a tués. »
Un criminel sous OQTF et un système en question
Né à Rouen en 1994, Amra cumulait 15 condamnations avant son évasion – vols, extorsion, trafic de drogue – et était sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) sans jamais avoir été expulsé. Mis en examen à Marseille pour enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort, il dirigeait un réseau narcotique d’envergure. Son arrestation soulage, mais interroge : comment un tel profil a-t-il pu rester en liberté aussi longtemps après une telle évasion ?
Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a réagi sur X : « D’immenses félicitations aux enquêteurs, aux magistrats, à nos pays voisins dont la Roumanie, pour avoir interpellé Mohamed Amra. Je pense aux agents assassinés et blessés à Incarville. À la fin, la Police et la Justice gagnent toujours. » François Bayrou, Premier ministre, a salué un « magnifique succès de notre police nationale », ajoutant : « Professionnalisme au sommet et ténacité inlassable méritent notre gratitude. Cela a été fait au nom des victimes, des familles et au nom de la France. »
Les familles des victimes entre soulagement et attente
Pour les proches des agents tués, cette arrestation marque une étape. Dominique Garcia, père d’Arnaud, confiait à BFM TV : « Je suis ravi qu’il soit pris, il ne mérite même pas qu’on dise son nom. » Les avocats de la veuve d’Arnaud Garcia, Mes Pauline Ragot et Thibault de Montbrial, ont déclaré : « Plus de neuf mois après cet assassinat barbare, c’est un immense soulagement pour sa famille. » Matthieu Chirez, avocat de la famille de Fabrice Moello, a souligné à l’AFP la nécessité de préserver les investigations à venir.
Jordan Bardella (RN) a tweeté : « Merci aux enquêteurs qui ont permis de retrouver la trace et d’interpeller Mohamed Amra. Nous pensons à Arnaud Garcia et Fabrice Moello, froidement tués. Tous les membres de ce commando doivent être mis hors d’état de nuire. » Cette arrestation ne clôt pas le dossier : les complices d’Amra restent en fuite.
Vers une extradition et des comptes à rendre
Amra devrait être extradé vers la France sous peu pour répondre de ses crimes, dont les meurtres d’Incarville. Sur X, les appels à des réformes sécuritaires se multiplient : « OQTF ineffective, radicalisés en liberté : ça doit changer », écrit un utilisateur. Retailleau promet des « mesures fortes », mais le chemin vers la justice reste long pour les familles et une société ébranlée.
