La France connaît une flambée de coqueluche depuis le début de l’année 2024, entraînant des recommandations vaccinales renforcées pour mieux protéger les nourrissons et réduire la propagation de cette maladie respiratoire hautement contagieuse. Voici les nouvelles directives et les raisons de leur mise en place.
Une Situation Épidémique Préoccupante
Depuis janvier 2024, au moins dix-sept personnes sont décédées de la coqueluche en France, dont douze nourrissons âgés de moins de deux mois. Cette recrudescence de la maladie, surnommée « toux des cent jours » en raison de sa durée, est attribuée à un cycle épidémique naturel et à la levée des mesures de restriction sociale liées au Covid-19, qui ont temporairement freiné la circulation des pathogènes respiratoires. La Haute Autorité de Santé (HAS) a réagi à cette situation en publiant de nouvelles recommandations le 22 juillet 2024.
Nouvelles Recommandations de la HAS
Vaccination des Femmes Enceintes : La HAS insiste sur l’importance de vacciner les femmes enceintes à chaque grossesse. Cette mesure permet au nourrisson de recevoir des anticorps protecteurs via le placenta, le protégeant ainsi durant les premiers mois de sa vie, avant qu’il ne puisse être vacciné lui-même à l’âge de 2 et 4 mois.
Stratégie de « Cocooning » : La HAS préconise également une stratégie de « cocooning » qui consiste à vacciner tous les proches des nourrissons, y compris les parents, fratrie, grands-parents, et autres personnes susceptibles d’avoir un contact étroit et durable avec le nourrisson. Cette mesure s’étend aussi aux professionnels de la santé, auxiliaires de crèche et baby-sitters, dont le dernier vaccin contre la coqueluche date de plus de cinq ans.
Rappel Vaccinal Précoce : Contrairement aux recommandations précédentes qui préconisaient un rappel tous les dix à vingt ans, la HAS recommande désormais un rappel de vaccin pour toutes les personnes en contact avec des nourrissons si leur dernière dose date de plus de cinq ans. Cette décision est justifiée par des études suggérant que l’efficacité vaccinale diminue significativement après cinq ans.
Justifications Scientifiques
Protection des Nourrissons : Les nourrissons ne peuvent être pleinement protégés par le vaccin contre la coqueluche qu’à partir de l’âge de 4 mois et demi. D’ici là, ils dépendent des anticorps transmis par leur mère vaccinée.
Efficacité des Vaccins : Les vaccins disponibles, Boostrixtetra et Repevax, protègent contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite. Ils sont bien tolérés, même lors d’administrations répétées tous les cinq ans, et leur efficacité vaccinale est forte pendant au moins deux ans et demi après la dernière dose.
Mesures Complémentaires
Outre la vaccination, la HAS recommande d’autres mesures pour limiter la propagation de la coqueluche, notamment le port du masque lors de contacts avec des nourrissons ou dans des lieux clos, ainsi que des gestes barrières comme se laver régulièrement les mains et tousser dans son coude.
Un Besoin Urgent de Sensibilisation
Malgré les recommandations en place depuis deux ans pour vacciner les femmes enceintes, seulement une minorité d’entre elles est vaccinée, avec une couverture vaccinale inférieure à 20%. Anne-Claude Crémieux, présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS, qualifie cette situation de « catastrophique » et appelle à de nouvelles campagnes d’information pour améliorer la sensibilisation et l’acceptation de la vaccination.
La flambée de coqueluche en France en 2024 a poussé les autorités sanitaires à renforcer les recommandations vaccinales pour mieux protéger les nourrissons, les plus vulnérables face à cette maladie. La vaccination des femmes enceintes et des proches des nourrissons, ainsi que des rappels plus fréquents pour les professionnels de la santé, sont des mesures clés pour lutter contre cette résurgence. La mise en œuvre efficace de ces recommandations nécessitera une sensibilisation accrue et une adhésion généralisée à ces nouvelles directives.